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Présents d'usage : Les astuces pour offrir sans risque

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À l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont ceux qui souhaitent marquer l’occasion en offrant des cadeaux à leurs proches. Qu’il s’agisse d’une somme d’argent, d’un bijou, d’un objet d’art ou même d’une voiture, ces gestes de générosité peuvent sembler sans conséquence. Pourtant, derrière l’apparente simplicité du présent d’usage se cachent des règles fiscales et juridiques strictes. 

 

Offrir un cadeau d’une certaine valeur peut, sous certaines conditions, être requalifié en donation classique, entraînant des conséquences parfois inattendues. Décryptage des pièges à éviter et des bonnes pratiques pour offrir en toute sérénité.

Le présent d’usage : une définition à bien comprendre
Le présent d’usage est un cadeau offert à l’occasion d’un événement précis, tel qu’un mariage, un anniversaire, une naissance, ou encore Noël. Ce don bénéficie d’un régime fiscal et juridique avantageux, à condition de respecter deux critères essentiels :
 

1. Un événement spécifique : Le cadeau doit être lié à une occasion familiale ou sociale clairement identifiée.
 

2. Une valeur proportionnée : La valeur du cadeau doit rester raisonnable, au regard de la fortune et des revenus du donateur. Contrairement aux donations classiques, il n’existe pas de seuil précis, ce qui laisse place à une appréciation subjective.
 

Lorsque ces deux conditions sont remplies, le présent d’usage échappe aux droits de donation et ne sera pas pris en compte dans la succession du donateur. En revanche, si l’une des conditions n’est pas respectée, le cadeau pourrait être requalifié en donation, avec toutes les obligations fiscales qui en découlent.

Les pièges à éviter
Si le présent d’usage semble simple à première vue, il existe plusieurs écueils à éviter pour ne pas s’exposer à des complications ultérieures.
 

1. Une valeur trop élevée
La proportionnalité entre la valeur du cadeau et le patrimoine du donateur est un point clé. Ce qui est considéré comme raisonnable pour une personne aisée pourrait être jugé excessif pour une autre. Par exemple, un bracelet en diamants ou une voiture sportive peuvent être qualifiés de présents d’usage si le patrimoine du donateur est suffisant pour justifier une telle générosité. En revanche, une personne aux revenus modestes offrant un cadeau d’une valeur disproportionnée risque une requalification en donation.
 

2. L’absence d’un événement précis
Un cadeau doit impérativement être associé à une occasion reconnue pour être considéré comme un présent d’usage. Ainsi, des virements bancaires réguliers, même modestes, ou des dons sans justification explicite risquent de ne pas répondre aux critères. La jurisprudence montre que des cadeaux faits sans mention d’un événement précis, comme un anniversaire ou un mariage, sont souvent requalifiés. Par exemple, un don de 9 600 € réalisé à une date proche d’un anniversaire a été rejeté comme présent d’usage, faute de preuve claire de l’occasion.
 

3. La régularité des dons
Un présent d’usage se distingue par son caractère exceptionnel. Si un don devient régulier (par exemple, des versements mensuels ou trimestriels), il perd son caractère ponctuel et peut être assimilé à une donation classique. Les juges ont déjà invalidé des virements trimestriels de 2 000 à 3 000 € en raison de leur régularité.

Des exemples concrets issus de la jurisprudence
La jurisprudence offre plusieurs illustrations pour mieux comprendre les critères d’un présent d’usage :
• Acceptés : Une Renault Alpine offerte pour célébrer la fin des études ou des aquarelles estimées à 11 000 € offertes à un mariage ont été jugées proportionnées au patrimoine du donateur.
• Rejetés : Des virements réguliers ou des dons effectués sans mention explicite de l’occasion, même s’ils sont d’un montant raisonnable, ont été requalifiés en donations classiques.
Par ailleurs, la valeur retenue pour évaluer le présent d’usage est celle au moment de l’offre. Ainsi, une personne ayant offert des aquarelles évaluées à 11 000 € lors d’un mariage n’a pas été imposée, même si ces œuvres ont été revendues 10 ans plus tard pour 860 000 €.

Les bonnes pratiques pour éviter les erreurs
Pour éviter toute contestation, il est essentiel de respecter certaines règles :
• Mention explicite : Lors d’un virement bancaire, indiquez l’occasion du cadeau dans le libellé, par exemple « Joyeux Noël » ou « Félicitations pour ton mariage ». Cette précision peut faire toute la différence en cas de contrôle fiscal.
• Regroupement des dons : Plutôt que de réaliser des dons réguliers, il est préférable de les concentrer sur deux ou trois moments clés dans l’année, comme Noël ou un anniversaire. Cela renforce le caractère ponctuel du cadeau.
• Prudence dans l’évaluation : Assurez-vous que la valeur du cadeau est raisonnable par rapport à votre patrimoine. Une générosité excessive peut rapidement être requalifiée en donation.

Quand le présent d’usage devient une donation classique
Si les critères du présent d’usage ne sont pas respectés, le cadeau sera assimilé à une donation classique. Dans ce cas, il sera soumis à un barème progressif de droits de donation après application des abattements légaux. Ces abattements, renouvelables tous les 15 ans, varient en fonction du lien de parenté entre le donateur et le bénéficiaire. Par exemple, un parent peut transmettre jusqu’à 100 000 € à un enfant sans droits de donation.


Le présent d’usage reste une excellente manière de transmettre un peu de son patrimoine sans formalités ni fiscalité, mais il exige une certaine rigueur. Une générosité mal encadrée peut entraîner des complications, notamment en cas de contrôle fiscal ou de litige successoral. Pour éviter les pièges, mieux vaut s’appuyer sur les conseils d’un notaire ou d’un expert en gestion patrimoniale. Donner, oui, mais toujours en toute sérénité.